BRÉSIL: LA MINISTRE CRISTIANE BRASIL, UN NOUVEAU PROBLÈME POUR TEMER - Hold

BRÉSIL: LA MINISTRE CRISTIANE BRASIL, UN NOUVEAU PROBLÈME POUR TEMER

Dans une vidéo enregistrée sur un bateau voguant au large de Rio, Cristiane Brasil, entourée de quatre hommes torse nu et musclés, essaie de minimiser les ennuis qui l'empêchent de prendre ses fonctions de ministre du Travail de Michel Temer.

Cette députée du Parti travailliste brésilien (PTB, droite), a été désignée le 3 janvier pour prendre ce portefeuille au sein d'un gouvernement qui continue de la soutenir en dépit de l'accumulation des polémiques.

Un soutien pas totalement désintéressé: un lâchage de Mme Brasil risquerait de provoquer la désaffection d'une vingtaine de parlementaires dont les votes sont cruciaux pour la délicate réforme des retraites, entre autres mesures d'austérité que veut faire adopter le président conservateur Temer.

Mais la bouillonnante Cristiane Brasil, 44 ans, a été empêchée de prendre ses fonctions par un juge de Niteroi, près de Rio, qui l'a accusée d"'immoralité administrative", suite à la révélation qu'elle avait été condamnée pour des infractions à la loi du travail -- précisément le domaine où elle devait officier.

Un tribunal supérieur a ensuite donné le feu vert à sa prise de fonction. Mais dès le lendemain c'est la Cour suprême qui la suspendait, dans l'attente d'une décision finale.

La réforme des retraites est la "seule question à l'ordre du jour" de la dernière année de mandat du président Temer et il "paiera le prix qu'il faudra pour la faire approuver au plus vite", estime le politologue André César, interrogé par l'AFP. "Avec ce régime "de coalition, tous les partis qui forment la base (alliée) sont essentiels".

Et notamment le PTB de Mme Brasil, qui dispose de 18 députés à la chambre basse.

Pour être approuvée, la réforme des retraites requiert le soutien des trois cinquième de la chambre basse, soit 308 députés. Or à ce stade il en manquerait une bonne trentaine à M. Temer.

D'autres polémiques
Là où les choses se compliquent, c'est que Cristiane Brasil est la fille de Roberto Jefferson, ex-député à la réputation sulfureuse.

Condamné dans le cadre d'un énorme scandale de corruption des années Lula (2003-2010), il avait obtenu une réduction de peine en échange de sa collaboration avec la justice.

Après être passé par la case prison, M. Jefferson dirige aujourd'hui le PTB, et a exigé de Michel Temer qu'il octroie le ministère du Travail à sa fille. C'est lui-même qui avait annoncé sa nomination, les larmes au yeux.

Mme Brasil avait voté en 2016 la destitution de la présidente Dilma Rousseff (2011-2016) ayant permis à Temer de devenir président. L'exubérante députée avait alors fait son entrée au Parlement portant un maillot de l'équipe de football brésilienne.

Et c'est en robe de plage qu'elle est apparue sur la fameuse vidéo postée sur Facebook, très critiquée sur les réseaux sociaux.

"Je vous jure que je pensais ne rien devoir à ces deux personnes qui m'ont dénoncée et je vais le prouver", assure-t-elle depuis son bateau sur fond de musique techno, au sujet des deux chauffeurs qu'elle a employés sans contrat de travail.

"Des procès devant la justice du travail ? On y fait face en permanence", lance l'un des hommes l'entourant, provocateur.

Après ce faux pas, les choses se sont aggravées.

Le quotidien Estado de S. Paulo a écrit que Mme Brasil était sous enquête pour des liens présumés avec des trafiquants de drogue pendant la campagne de l'un de ses alliés en 2010.

Puis c'est TV Globo qui a divulgué un enregistrement d'une réunion en 2014 lors de laquelle Mme Brasil, alors fonctionnaire à la mairie de Rio, semble menacer ses subordonnés s'ils ne l'aident pas dans sa campagne pour décrocher la députation.

M. Temer, à qui la télévision TV Bandeirantes demandait s'il regrettait d'avoir nommé Mme Brasil ministre, a répondu sans hésiter "non". Vendredi le président a de nouveau défendu sa turbulente ministre, "une députée compétente, aux loyaux services".

Il craint une situation ingérable si le pouvoir judiciaire se met à contester aussi les nouveaux ministres qu'il va être bientôt obligé de nommer.

En effet, au moins 13 de ses 28 ministres devraient d'ici avril quitter le gouvernement pour concourir aux élections générales d'octobre (présidentielle, législatives et gouverneurs), comme les y oblige la loi brésilienne.

Origem: http://www.lepoint.fr/monde/bresil-la-ministre-cristiane-brasil-un-nouveau-probleme-pour-temer-10-02-2018-2193827_24.php

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